Le marché au jade de Mandalay. Le jade, inestimable trésor birman est extrait dans les mines inaccessibles du nord du pays. Ici, on trouve aussi bien des pierres brutes, grosses comme des rochers et amenées par camion, que de bien plus petites, prêtes à être montées en bague dans l’une des nombreuses échoppes du quartier, où des armées de lapidaires s’activent. Ils taillent, polissent et gravent des pierres blanches, bleutées, brunes ou vert émeraude. Le vert a la cote mais le blanc aussi : c’était la couleur favorite des empereurs chinois, qui se fournissaient en Birmanie, connue depuis des lustres pour sa production de grande qualité. Les Chinois d’aujourd’hui sont d’ailleurs les plus gros acheteurs. Sur le marché de Mandalay, le choix est vaste : pierres brutes, bracelets, bagues, colliers mais aussi objets de culte, amulettes, sculptures d’éléphant ou de fleurs de lotus. Et même des boutons de manchette. Le négoce en lui-même est tout un théâtre. Acheteurs et vendeurs se rendent dans les maisons de thé d’alentour, et marchandent à voix basse. Le jeu pour le vendeur consiste à persuader l’acheteur qu’il lui propose une pierre d’une très grande valeur, tandis que l’acheteur doit le convaincre qu’il prend un risque car rien ne garantit totalement cette valeur de l’objet. Du reste, un dicton chinois dit : « On peut estimer l’or mais le jade est inestimable. » Pascal Marion